Le Mois du Blanc
Voici des monogrammes à broder pour le linge de maison ou autre, une grille que vous offre Arachné.
« Dans le mois du blanc, chaque pièce devient une toile vierge, prête à accueillir la lumière et l’élégance. »
« Le blanc est la couleur de la pureté et de la fraîcheur, parfaite pour accueillir le printemps. »
« Profiter des soldes, c’est transformer le désir en opportunité. »
Traditions françaises : Mois du Blanc et Soldes
Chaque année, le mois de janvier est marqué par un usage commercial : les soldes d’hiver.
Cependant, en France, une autre coutume, tout aussi fascinante, vient rehausser la magie de cette période : le « Mois du blanc ».
C’est la bonne idée qu’a eue Aristide Boucicaut en 1873 pour mettre en scène la marchandise et créer un nouvel évènement dans le calendrier commercial de son célèbre grand magasin parisien « Le Bon Marché ».
Du blanc à tous les étages, vendu à des prix attractifs en début d’année.
Depuis, chaque année, le Mois du Blanc est devenu un rendez-vous incontournable pour les fidèles du « Bon Marché ».
Au cœur de cette tradition, les Français et Françaises sont invités à renouveler leur linge de lit, de table et de bain.
Les magasins rivalisent d’ingéniosité pour attirer les clients avec des promotions alléchantes et des collections spécialement conçues pour l’occasion.
Les soldes d’hiver coïncidant avec le Mois du Blanc offrent ainsi une opportunité en or pour réaliser de bonnes affaires.
C’est le moment idéal pour faire le tri dans les placards et se débarrasser des vieux articles pour les remplacer par de nouvelles pièces.
De plus, cette tradition s’inscrit dans une démarche de consommation responsable, encourageant les achats réfléchis et de qualité destinés à durer.
Ainsi, le Mois du Blanc et les Soldes d’hiver se rejoignent pour créer une période festive, où l’esprit de la consommation responsable s’allie à l’envie de renouveler son chez-soi. Une belle manière de démarrer l’année tout en profitant d’une tradition bien française.
Janvier
parfum de soldes
de bonnes affaires
Mois du Blanc
on scrute les étiquettes
à chaque nouveau prix
un doux frisson
les caddies débordent
de trouvailles
de merveilles
de trésors
dans ce ballet frénétique
l’âme acheteuse
est joyeuse et légère.
C B
Les Soldes
Ah que cela peut nous faire du bien
De pouvoir acheter ce qu’on désire
Depuis longtemps et c’est un vrai plaisir
D’avoir enfin le produit dans la main
Aujourd’hui c’est la fête ; on solde
Dans les magasins les pris sont cassés
Et nous n’en aurons jamais assez
Enfin nous pouvons suivre la mode
Mais en réfléchissant un tant soi peu
On se pose les questions vitales
Cette baisse de prix est-elle normale
Ce qu’on achète coûte vraiment peu
Qu’en est-il de ces énormes marges
Qu’on a l’habitude normalement
De régler les yeux fermés au comptant
En étant de petits enfants sages
Quoi ? Soixante-dix pour cent de rabais
Qui me montre que ce que j’ai acquis
Hier au prix fort a fait le profit
D’un autre qui me prend pour un niais.
Ah c’est vrai, c’est la faute des charges
Trop hautes, donc on réduit les vendeurs
À chaque vente on fait le voleur
Et on jette les restes en décharge
Voilà bien l’apologie du travail
Vingt semaines à voler et rien faire
Et puis six pour le chiffre d’affaire
Le client est heureux comme du bétail.
Très organisée cette arnaque
L’acheteur est pris pour un vrai nigaud
Le vendeur lui peut bien faire le beau
Au vu de l’argent que chez lui on craque
Gui Duamell
Aristide Boucicaut a servi de modèle au personnage principal d’Octave Mouret dans le roman « Au Bonheur des Dames » d’Émile Zola (série des Rougon-Macquart).
Extraits :
« Enfin, on ouvrit les portes, et le flot entra. Dès la première heure, avant que les magasins fussent pleins, il se produisit sous le vestibule un écrasement tel, qu’il fallut avoir recours aux sergents de ville, pour rétablir la circulation sur le trottoir. Mouret avait calculé juste » : toutes les ménagères, une troupe serrée de petites bourgeoises et de femmes en bonnet, donnaient assaut aux occasions, aux soldes et aux coupons, étalés jusque dans la rue. »
« Elle parlait de la nouvelle prime du Bonheur, une idée de Mouret dont il menait tapage dans les journaux, de petits bouquets de violettes blanches, achetés par milliers à Nice et distribués à toute cliente qui faisait le moindre achat. Près de chaque caisse, des garçons en livrée délivraient la prime, sous la surveillance d’un inspecteur. Et, peu à peu, la clientèle se trouvait fleurie, les magasins s’emplissaient de ces noces blanches, toutes les femmes promenaient un parfum pénétrant de fleur. »
« Ce qui arrêtait ces dames, c’était le spectacle prodigieux de la grande exposition de blanc. Autour d’elles, d’abord, il y avait le vestibule, un hall aux glaces claires, pavé de mosaïques, où les étalages à bas prix retenaient la foule vorace. Ensuite, les galeries s’enfonçaient, dans une blancheur éclatante, une échappée boréale, toute une contrée de neige, déroulant l’infini des steppes tendues d’hermine, l’entassement des glaciers allumés sous le soleil. On retrouvait le blanc des vitrines du dehors, mais avivé, colossal, brûlant d’un bout à l’autre de l’énorme vaisseau, avec la flambée blanche d’un incendie en plein feu. Rien que du blanc, tous les articles blancs de chaque rayon, une débauche de blanc, un astre blanc dont le rayonnement fixe aveuglait d’abord, sans qu’on pût distinguer les détails, au milieu de cette blancheur unique. Bientôt les yeux s’accoutumaient : à gauche, la galerie Monsigny allongeait les promontoires blancs des toiles et des calicots, les roches blanches des draps de lit, des serviettes, des mouchoirs ; tandis que la galerie Michodière, à droite, occupée par la mercerie, la bonneterie et les lainages, exposait des constructions blanches en boutons de nacre, un grand décor bâti avec des chaussettes blanches, toute une salle recouverte de molleton blanc, éclairée au loin d’un coup de lumière. Mais le foyer de clarté rayonnait surtout de la galerie centrale, aux rubans et aux fichus, à la ganterie et à la soie. Les comptoirs disparaissaient sous le blanc des soies et des rubans, des gants et des fichus. Autour des colonnettes de fer, s’élevaient des bouillonnés de mousseline blanche, noués de place en place par des foulards blancs. Les escaliers étaient garnis de draperies blanches, des draperies de piqué et de basin alternées, qui filaient le long des rampes, entouraient les halls, jusqu’au second étage ; et cette montée du blanc prenait des ailes, se pressait et se perdait, comme une envolée de cygnes. Puis, le blanc retombait des voûtes, une tombée de duvet, une nappe neigeuse en larges flocons : des couvertures blanches, des couvre-pieds blancs, battaient l’air, accrochés, pareils à des bannières d’église ; de longs jets de guipure traversaient, semblaient suspendre des essaims de papillons blancs, au bourdonnement immobile ; des dentelles frissonnaient de toutes parts, flottaient comme des fils de la Vierge par un ciel d’été, emplissaient l’air de leur haleine blanche. Et la merveille, l’autel de cette religion du blanc, était, au-dessus du comptoir des soieries, dans le grand hall, une tente faite de rideaux blancs, qui descendaient du vitrage. Les mousselines, les gazes, les guipures d’art, coulaient à flots légers, pendant que des tulles brodés, très riches, et des pièces de soie orientale, lamées d’argent, servaient de fond à cette décoration géante, qui tenait du tabernacle et de l’alcôve. On aurait dit un grand lit blanc, dont l’énormité virginale attendait, comme dans les légendes, la princesse blanche, celle qui devait venir un jour, toute-puissante, avec le voile blanc des épousées.
— Oh ! extraordinaire ! répétaient ces dames. Inouï !
Elles ne se lassaient pas de cette chanson du blanc, que chantaient les étoffes de la maison entière. Mouret n’avait encore rien fait de plus vaste, c’était le coup de génie de son art de l’étalage. Sous l’écroulement de ces blancheurs, dans l’apparent désordre des tissus, tombés comme au hasard des cases éventrées, il y avait une phrase harmonique, le blanc suivi et développé dans tous ses tons, qui naissait, grandissait, s’épanouissait, avec l’orchestration compliquée d’une fugue de maître, dont le développement continu emporte les âmes d’un vol sans cesse élargi. Rien que du blanc, et jamais le même blanc, tous les blancs, s’enlevant les uns sur les autres, s’opposant, se complétant, arrivant à l’éclat même de la lumière. Cela partait des blancs mats du calicot et de la toile, des blancs sourds de la flanelle et du drap ; puis, venaient les velours, les soies, les satins, une gamme montante, le blanc peu à peu allumé, finissant en petites flammes aux cassures des plis ; et le blanc s’envolait avec la transparence des rideaux, devenait de la clarté libre avec les mousselines, les guipures, les dentelles, les tulles surtout, si légers, qu’ils étaient comme la note extrême et perdue ; tandis que l’argent des pièces de soie orientale chantait le plus haut, au fond de l’alcôve géante.
Cependant, les magasins vivaient, du monde assiégeait les ascenseurs, on s’écrasait au buffet et au salon de lecture, tout un peuple voyageait au milieu de ces espaces couverts de neige. Et la foule paraissait noire, on eût dit les patineurs d’un lac de Pologne, en décembre. Au rez-de-chaussée, il y avait une houle assombrie, agitée d’un reflux, où l’on ne distinguait que les visages délicats et ravis des femmes. Dans les découpures des charpentes de fer, le long des escaliers, sur les ponts volants, c’était ensuite une ascension sans fin de petites figures, comme égarées au milieu de pics neigeux. Une chaleur de serre, suffocante, surprenait, en face de ces hauteurs glacées. Le bourdonnement des voix faisait un bruit énorme de fleuve qui charrie. Au plafond, les ors prodigués, les vitres niellées d’or et les rosaces d’or semblaient un coup de soleil, luisant sur les Alpes de la grande exposition de blanc. »
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