Tout commence par un « A »

Grille point de croix offerte par Arachné

« Tout commence par un “A” »
Antoine de Saint-Exupéry.

« Celui qui aime à apprendre est bien près du savoir. »
Confucius

« L’accent, ce n’est pas dans la gorge des uns, c’est dans l’oreille des autres ! »
Plume Latraverse

« A »

La lettre « A » ambassadrice attentive et arrogante se tient altière en tête de l’alphabet.
Ardente, elle nous ouvre les portes de l’absolu.
Alliée de l’audace, admirez comme elle se glisse agilement, adroitement entre les lettres et s’adapte en s’attachant aux autres avec aisance.
À l’aube, lorsque l’aurore s’annonce avec elle, dites adieu à l’austérité car elle s’affaire, nous appelle à l’action, l’animation et nous attire aisément vers l’aventure.
Appréciez avec quel art elle nous aiguille de l’amitié à l’amour qui jaillit de l’âme.
Allègrement elle nous aguiche, pour nous amener sous un ciel azuré vers d’agréables avenues arborées où s’alignent admirablement l’acacia, l’aubépine, l’aulne, l’abricotier, l’amandier et nous fait avancer avec allégresse, adresse et ardeur dans des allées adorablement bordées d’abondantes et aromatiques azalées, achillées, ancolies, anémones.
Avec elle, on s’aperçoit qu’apprendre et analyser s’associent sans atermoiement.
Elle est précieuse, cette lettre A, car sans elle, les accents des langues, les patois perdraient de leur authenticité, de leur attrait, de leur agrément et de leur apparat.

A
L’ambassadrice
s’adapte
s’attache
aiguille
de l’amitié
à l’amour
amène
de l’aurore
à l’aventure
de l’art
à l’audace
de l’accent
à l’authenticité
ardente
dans chaque mot
elle est admirable.

C B

De l’accent 

De l’accent ! De l’accent ! Mais après tout en ai-je ?
Pourquoi cette faveur ? Pourquoi ce privilège ?
Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,
Que c’est vous qui pour nous semblez l’avoir très fort
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,
« Ces gens-là n’ont pas le parler de tout le monde ! »
Et que, tout dépendant de la façon de voir,
Ne pas avoir l’accent, pour nous, c’est en avoir...
Eh bien non ! je blasphème ! Et je suis las de feindre !
Ceux qui n’ont pas d’accent, je ne puis que les plaindre !
Emporter de chez soi les accents familiers,
C’est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d’Auvergne ou de Bretagne,
C’est emporter un peu sa lande ou sa montagne !
Lorsque, loin du pays, le cœur gros, on s’enfuit,
L’accent ? Mais c’est un peu le pays qui vous suit !
C’est un peu, cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu’on emporte en voyage !
C’est pour les malheureux à l’exil obligés,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers !
Avoir l’accent enfin, c’est, chaque fois qu’on cause,
Parler de son pays en parlant d’autre chose !…
Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent !
Je veux qu’il soit sonore, et clair, retentissant !
Et m’en aller tout droit, l’humeur toujours pareille,
En portant mon accent fièrement sur l’oreille !
Mon accent ! Il faudrait l’écouter à genoux !
Il nous fait emporter la Provence avec nous,
Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages
Comme chante la mer au fond des coquillages !
Écoutez ! En parlant, je plante le décor
Du torride Midi dans les brumes du Nord !
Mon accent porte en soi d’adorables mélanges
D’effluves d’orangers et de parfum d’oranges ;
Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
Et le petit village où les treilles splendides
Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides !
Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin,
À toutes mes chansons donne un même refrain,
Et quand vous l’entendez chanter dans ma parole
Tous les mots que je dis dansent la farandole !

Miguel Zamacoïs


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